diogo-brandao-iPvsShUlORg-unsplash

L’approche française de la diplomatie culturelle mondiale

Author(s): Souha Akiki, Mohamad H. Mokdad
Published on: mars 14, 2024
Keyword(s): Diplomatie Culturelle, Puissance douce, Francophonie, Influence international, Politiques culturelles, Coopération international
ISSN: 3036-9495

Abstract

Dans un monde globalisé, la diplomatie culturelle devient un vecteur stratégique essentiel pour les nations souhaitant étendre leur influence sans recourir à la force. La France, reconnue pour sa riche histoire culturelle et son engagement envers la promotion de la diversité linguistique et culturelle, se positionne comme un acteur clé dans ce domaine. Cette recherche explore l’approche française de la diplomatie culturelle, en se focalisant sur les méthodes par lesquelles la France utilise sa « puissance douce » pour forger des relations internationales, promouvoir ses intérêts stratégiques, et renforcer son image à l’échelle mondiale. À travers l’analyse de différentes initiatives telles que les réseaux de l’Alliance Française, les politiques de soutien à la francophonie, les contributions au sein des organisations internationales comme l’UNESCO, et la mise en œuvre de projets culturels globaux, cette étude met en lumière l’impact significatif de ces efforts sur la scène internationale. Elle examine également les défis contemporains auxquels la diplomatie culturelle française doit faire face, y compris la montée du numérique, les dynamiques géopolitiques changeantes, et la nécessité d’adapter ses messages à un public mondial diversifié. En conclusion, cette recherche offre des perspectives sur l’avenir de la diplomatie culturelle française, soulignant son potentiel à contribuer à un dialogue interculturel plus riche et à une coopération internationale renforcée dans les années à venir.

Introduction

À l’ère de la mondialisation et dans un contexte international marqué par une compétition accrue entre les puissances mondiales, la diplomatie culturelle émerge comme un outil stratégique de premier ordre pour façonner les perceptions, bâtir des ponts entre les peuples et influencer l’arène politique mondiale. La France, avec son héritage culturel riche et diversifié, a longtemps reconnu et exploité le potentiel de la culture comme moyen de rayonnement international et de promotion de ses intérêts stratégiques. Cette recherche se propose d’explorer en profondeur l’approche française de la diplomatie culturelle, en identifiant comment la nation utilise sa puissance douce pour forger une influence durable sur la scène mondiale.

La notion de « puissance douce », introduite par Joseph Nye dans les années 1990, décrit la capacité d’un pays à persuader et à attirer plutôt qu’à contraindre. La France, forte de son histoire, de sa langue et de sa contribution significative aux arts, à la littérature et à la pensée philosophique, incarne parfaitement cette forme de pouvoir. L’approche française de la diplomatie culturelle mondiale s’articule autour de la promotion de la langue française, la diffusion de ses valeurs républicaines, le soutien à la création artistique et la protection du patrimoine culturel, tant au niveau bilatéral que multilatéral.

À travers la création d’institutions telles que l’Alliance Française et l’Institut Français, ainsi que sa participation active à des organisations internationales comme l’UNESCO, la France œuvre pour maintenir et étendre son influence culturelle. Ces actions ne visent pas seulement à renforcer la présence française sur la scène internationale, mais aussi à contribuer à la construction d’un monde plus intégré et respectueux de la diversité culturelle.

Cette étude se penche sur les différentes facettes de la diplomatie culturelle française, en analysant ses réussites, ses défis et ses perspectives d’avenir. En mettant en lumière des exemples concrets d’initiatives réussies et en évaluant leur impact à l’échelle globale, ce travail vise à démontrer comment la France continue d’utiliser sa culture comme une arme de persuasion douce, dans un monde où les relations internationales sont de plus en plus complexes et interdépendantes.

La diplomatie culturelle est définie comme l’utilisation stratégique de la culture pour promouvoir les intérêts nationaux, améliorer les relations bilatérales et renforcer l’image d’un pays sur la scène internationale (Melissen, 2005). La France, avec son riche héritage culturel et son engagement de longue date envers la promotion de la diversité linguistique et culturelle, se distingue comme un acteur prééminent dans ce domaine. La diplomatie culturelle française vise non seulement à diffuser sa langue et sa culture, mais aussi à encourager le dialogue interculturel et à soutenir la coopération internationale dans les domaines de l’éducation, de l’art, de la science, et au-delà (Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, 2020).

La portée de la diplomatie culturelle française est vaste, s’étendant bien au-delà de la simple promotion de ses intérêts culturels à l’étranger. Elle englobe la mise en œuvre de politiques et d’initiatives visant à établir des partenariats durables, à favoriser la compréhension mutuelle et à résoudre des problèmes globaux par le biais de la coopération culturelle et éducative (Vieira, 2012). Les outils de cette diplomatie incluent des institutions telles que l’Alliance Française et l’Institut Français, qui jouent un rôle crucial dans l’enseignement de la langue française et la diffusion de la culture française à travers le monde.

Selon le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (2020), la France utilise sa diplomatie culturelle pour renforcer son soft power, un concept introduit par Joseph Nye (2004), qui décrit la capacité d’un pays à influencer les autres à travers l’attraction plutôt que la contrainte. En promouvant ses valeurs universelles telles que la liberté, l’égalité et la fraternité, la France aspire à jouer un rôle de leader moral et intellectuel sur la scène mondiale, contribuant ainsi à la construction d’un ordre mondial plus juste et équilibré.

En conclusion, la diplomatie culturelle française constitue un pilier essentiel de sa politique étrangère, reflétant sa vision du monde et son engagement envers la promotion de la paix, de la démocratie et de la diversité culturelle. À travers ses multiples facettes, elle témoigne de l’importance que la France accorde à la culture comme moyen de rapprochement entre les peuples et de renforcement de son influence globale.

La diplomatie culturelle française

 La diplomatie culturelle française a évolué à travers diverses phases historiques, marquant profondément sa stratégie et ses objectifs actuels en matière de relations internationales. Cette évolution reflète l’engagement continu de la France à utiliser sa richesse culturelle comme un levier d’influence et un moyen de promouvoir la paix et la compréhension mutuelle à l’échelle mondiale.

L’origine de la diplomatie culturelle française remonte à la Renaissance, période durant laquelle la France a commencé à établir son influence culturelle à travers l’Europe, notamment via la diffusion de sa langue et de ses idéaux artistiques et intellectuels (Egerton, 1966). Toutefois, c’est à partir du XIXe siècle, avec la fondation de l’Alliance Française en 1883, que la diplomatie culturelle de la France a pris une forme plus organisée. L’objectif était alors de promouvoir la langue française et la francophonie comme instruments de soft power et de cohésion internationale (Dubosclard et al., 2002).

Au cours du XXe siècle, notamment après les deux guerres mondiales, la France a redoublé d’efforts pour reconstruire son influence culturelle et intellectuelle, en mettant en place des institutions telles que l’Institut Français et la Direction générale des relations culturelles, scientifiques et techniques, précurseur de l’actuel Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (Wang, 2011). Ces initiatives visaient à renforcer la présence culturelle française à l’étranger, à travers un réseau d’établissements culturels et éducatifs.

La fin de la Guerre froide et l’avènement de la mondialisation ont marqué une nouvelle étape dans la diplomatie culturelle de la France, l’obligeant à adapter sa stratégie à un monde multipolaire et à des enjeux globaux tels que le dialogue des civilisations, la diversité culturelle et la gouvernance mondiale. La France a notamment joué un rôle prépondérant dans la création de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles adoptée par l’UNESCO en 2005 (UNESCO, 2005).

Aujourd’hui, la diplomatie culturelle française continue d’évoluer, intégrant les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour étendre son rayonnement culturel. Elle vise également à promouvoir des valeurs universelles telles que les droits de l’homme, la démocratie et la paix, en s’appuyant sur son riche héritage culturel et son réseau mondial d’institutions culturelles et éducatives (Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, 2020).

Les instruments de la diplomatie culturelle

La France utilise une variété d’instruments dans le cadre de sa diplomatie culturelle pour projeter son soft power à l’échelle mondiale. Ces outils et institutions jouent un rôle crucial dans la diffusion de la langue française, la promotion de la culture française, et le renforcement des valeurs universelles telles que la démocratie, la liberté et les droits de l’homme. Parmi ces instruments, l’Alliance Française, l’Institut Français, les sommets de la Francophonie, et les écoles françaises internationales se distinguent par leur contribution significative au rayonnement culturel de la France à l’étranger.

L’Alliance Française est l’une des plus anciennes et des plus vastes réseaux culturels du monde, fondée en 1883 avec pour mission de promouvoir la langue française et la diversité culturelle francophone à travers l’enseignement du français et l’organisation d’événements culturels. Avec plus de 800 centres dans 135 pays, l’Alliance Française joue un rôle pivot dans la diplomatie culturelle française, en facilitant les échanges culturels et en renforçant les liens entre la France et les communautés francophones et francophiles à travers le monde (Alliance Française, 2020).

L’Institut Français représente un autre pilier de la stratégie culturelle extérieure de la France. Créé en 2011, il agit sous l’égide du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, coordonnant et promouvant l’action culturelle de la France à l’étranger. L’Institut Français soutient la diffusion de la culture et de la langue française, facilite les échanges artistiques internationaux, et contribue à la promotion du cinéma, du livre, de la musique, et des arts visuels français à l’international (Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, 2020).

Les sommets de la Francophonie constituent une plateforme essentielle pour la diplomatie culturelle de la France, en rassemblant les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) tous les deux ans. Ces sommets visent à promouvoir la langue française, la diversité culturelle et linguistique, et à renforcer la coopération politique et économique entre les pays membres, reflétant ainsi l’engagement de la France envers le multilatéralisme et le dialogue des cultures (Organisation internationale de la Francophonie, 2020).

Enfin, les écoles françaises internationales à l’étranger jouent un rôle essentiel dans la projection du soft power français. En offrant un enseignement de qualité basé sur le système éducatif français, ces écoles contribuent non seulement à la diffusion de la langue et de la culture française mais aussi à la formation de futures générations sensibles aux valeurs et aux idéaux français. Ces établissements servent d’ambassadeurs culturels, renforçant les liens d’amitié et de coopération entre la France et les pays hôtes (AEFE, 2020).

La diplomatie culturelle de la France a eu un impact significatif à travers diverses initiatives et dans différents cadres internationaux. Trois exemples illustrent particulièrement bien ce rôle : son influence au sein de l’UNESCO, ses programmes culturels et éducatifs en Afrique, ainsi que son leadership dans les initiatives mondiales liées à la culture et aux arts.

L’UNESCO et la Convention sur la diversité culturelle

La France joue un rôle prépondérant au sein de l’UNESCO, notamment dans l’adoption de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles en 2005. Cette convention, considérée comme un jalon majeur dans la reconnaissance de la culture comme pilier du développement durable, bénéficie d’un large soutien français en termes de diplomatie et de financement. La France a activement contribué à son élaboration, soulignant l’importance de sauvegarder la diversité culturelle à l’ère de la mondialisation (UNESCO, 2005). Cette initiative démontre comment la France utilise les plateformes multilatérales pour promouvoir ses valeurs et intérêts culturels.

Influence culturelle et éducative en Afrique

En Afrique, la France exerce son influence à travers un vaste réseau d’institutions culturelles et éducatives, telles que les Alliances Françaises et les écoles françaises. Ces institutions jouent un rôle clé dans la diffusion de la langue française et dans la promotion de l’accès à l’éducation de qualité. Par exemple, l’opération « Cinéma Monde » vise à soutenir la production et la distribution de films africains francophones, renforçant ainsi les industries culturelles locales tout en promouvant la diversité linguistique et culturelle (Alliance Française, 2020).

Leadership dans les initiatives mondiales liées à la culture et aux arts

La France manifeste également son leadership dans des initiatives mondiales liées à la culture et aux arts. Le Louvre Abu Dhabi, fruit d’un accord intergouvernemental entre la France et les Émirats Arabes Unis, en est un exemple éloquent. Ce musée incarne la volonté de la France de partager son patrimoine culturel avec le monde, favorisant ainsi le dialogue interculturel et la compréhension mutuelle. Ce projet, qui associe la renommée culturelle française à des partenariats internationaux, illustre l’approche française de la diplomatie culturelle, basée sur la coopération et l’échange (Louvre Abu Dhabi, 2017).

La diplomatie culturelle de la France a joué un rôle essentiel dans le renforcement de son influence et de son image à l’échelle mondiale. Toutefois, cet impact ne se manifeste pas sans rencontrer de défis, à la fois en raison de la concurrence d’autres puissances mondiales et des débats internes concernant le rôle de la culture dans la diplomatie.

Impact positif de la diplomatie culturelle française

L’impact de la diplomatie culturelle française est notable dans plusieurs domaines, notamment dans la promotion de la langue française, la diffusion de ses valeurs culturelles, et son rôle de premier plan dans les initiatives culturelles mondiales. La France a réussi à maintenir et à étendre l’espace francophone dans le monde, grâce à des institutions telles que l’Alliance Française et l’Institut Français. Ces efforts ont non seulement renforcé les liens culturels avec les pays francophones, mais ont également attiré l’intérêt d’apprenants de français dans des régions non francophones (Cull, 2019). De plus, la France joue un rôle central dans des organisations internationales telles que l’UNESCO, où elle promeut activement la diversité culturelle et le patrimoine mondial.

Défis rencontrés par la diplomatie culturelle française

Cependant, la diplomatie culturelle française fait face à plusieurs défis. L’un des principaux défis est la concurrence d’autres puissances mondiales qui investissent massivement dans leur propre soft power, comme la Chine et les États-Unis. Ces pays déploient des ressources considérables pour promouvoir leur culture et leurs valeurs à l’international, mettant ainsi en péril l’influence culturelle traditionnelle de la France (Wang, 2011).

En outre, au niveau interne, il existe un débat sur le rôle et l’efficacité de la culture dans la diplomatie française. Certains critiques arguent que la diplomatie culturelle devrait être davantage orientée vers la promotion des intérêts économiques et politiques de la France, plutôt que de se concentrer uniquement sur la diffusion de la culture et de la langue françaises (Smith, 2020). De plus, la question de l’adaptation de la diplomatie culturelle à l’ère numérique et à la mondialisation pose également des défis, nécessitant une révision des stratégies pour rester pertinentes et efficaces.

La diplomatie culturelle de la France ait rencontré un succès indéniable dans la promotion de sa langue et de ses valeurs culturelles à l’échelle mondiale, elle doit continuellement s’adapter aux défis posés par la concurrence internationale et les débats internes sur son orientation stratégique. L’avenir de la diplomatie culturelle française dépendra de sa capacité à évoluer et à innover dans un environnement mondial en rapide mutation.

Alors que la diplomatie culturelle française a joué un rôle crucial dans le renforcement de son influence mondiale, l’évolution rapide du paysage international appelle à une réflexion sur les orientations futures et l’adaptation des stratégies pour maintenir et renforcer son soft power. Cette section examine les tendances émergentes, propose des stratégies potentielles et explore comment la France peut s’ajuster pour rester un acteur clé dans le domaine de la diplomatie culturelle.

Tendances Émergentes

L’une des principales tendances qui façonne l’avenir de la diplomatie culturelle est la numérisation et l’utilisation accrue des plateformes numériques pour la diffusion culturelle. L’émergence des médias sociaux et des technologies numériques offre des opportunités inédites pour la promotion de la langue et de la culture française au-delà des frontières traditionnelles (Hocking & Melissen, 2015). Par ailleurs, la mondialisation de la culture souligne l’importance de la diversité culturelle et du dialogue interculturel, des valeurs au cœur de la diplomatie culturelle française.

Nouvelles Stratégies Potentielles

Pour naviguer dans ce nouveau contexte, la France pourrait envisager plusieurs stratégies. Premièrement, investir davantage dans la diplomatie numérique, en développant des contenus culturels interactifs et engageants adaptés aux jeunes générations mondiales. Deuxièmement, la France pourrait renforcer ses partenariats culturels internationaux, non seulement dans le monde francophone mais aussi avec des pays émergents et non francophones, pour encourager un échange culturel bilatéral plus riche (Manor & Crilley, 2018).

En outre, face à la compétition croissante d’autres puissances culturelles, la France doit réaffirmer l’unicité et la modernité de sa proposition culturelle. Cela peut impliquer la promotion de ses industries créatives, telles que la mode, le cinéma, et les arts numériques, qui reflètent la contemporanéité de la culture française.

Adaptation à l’Évolution du Paysage Mondial

 L’adaptation aux changements du paysage mondial nécessite également une réflexion sur la manière dont la France mesure l’impact de sa diplomatie culturelle. La mise en place d’indicateurs plus précis et d’outils d’analyse pour évaluer l’efficacité des initiatives culturelles pourrait aider à affiner les stratégies et à justifier l’investissement dans la diplomatie culturelle (Melissen & Hocking, 2015).

La diplomatie culturelle française se trouve à un carrefour, face aux défis posés par les nouvelles dynamiques mondiales et les technologies émergentes. En adoptant une approche plus agile, en investissant dans la diplomatie numérique, et en promouvant un dialogue interculturel plus profond, la France peut continuer à jouer un rôle de premier plan sur la scène culturelle internationale, renforçant ainsi son soft power dans les années à venir.

La diplomatie culturelle, en tant que composante essentielle de la politique étrangère, varie considérablement d’un pays à l’autre, reflétant les priorités nationales, l’histoire culturelle et les stratégies d’influence globale. La France, reconnue pour son approche sophistiquée de la diplomatie culturelle, offre un cas d’étude intéressant lorsqu’on la compare à d’autres nations. Cette section examine les caractéristiques distinctives de la diplomatie culturelle française par rapport à celles d’autres pays, identifiant les domaines où la France excelle et ceux où des opportunités d’apprentissage et de collaboration pourraient se présenter.

La France et les États-Unis : Une Question de Nuance et de Portée

Comparée à la diplomatie culturelle américaine, l’approche française se distingue par sa concentration sur la nuance culturelle et le dialogue. Tandis que les États- Unis se sont appuyés sur leur industrie du divertissement pour exercer leur soft power – promouvant les valeurs américaines à travers des films, de la musique, et des produits culturels de masse –, la France a opté pour une approche plus institutionnelle et éducative, mettant l’accent sur la langue française, les arts, et le patrimoine (Watanabe & McConnell, 2008). Cette différence reflète des stratégies culturelles divergentes : une dominante globale pour les États-Unis contre une promotion de la diversité culturelle et linguistique pour la France.

La France et la Chine : Promotion Culturelle versus Diplomatie Confucéenne

En comparaison avec la Chine, la France adopte une stratégie plus ouverte et bilatérale dans sa diplomatie culturelle. La Chine, à travers ses Instituts Confucius, a massivement investi dans la promotion de sa langue et de sa culture à l’étranger. Toutefois, ces efforts sont souvent perçus comme un outil de soft power étroitement contrôlé par l’État, visant à améliorer son image à l’international et à contrer les critiques (Hartig, 2016). La France, par le biais de ses institutions culturelles comme l’Alliance Française et l’Institut Français, cherche plutôt à établir un échange culturel réciproque, soulignant la valeur de la diversité culturelle et le dialogue interculturel.

La France et le Japon : Diplomatie Culturelle et Identité Nationale

Le Japon offre un exemple contrastant grâce à sa diplomatie culturelle axée sur la promotion de son patrimoine culturel unique, notamment ses traditions, sa cuisine, et ses innovations technologiques. Contrairement à la France, qui promeut une palette culturelle variée englobant la langue, les arts, et les valeurs universelles, le Japon met en avant son concept de « Cool Japan » pour attirer les intérêts étrangers vers sa culture pop et ses industries créatives (Valaskivi, 2015). Cette approche met en lumière l’importance de l’identité nationale dans la diplomatie culturelle.

Opportunités d’Apprentissage et de Collaboration

Bien que la France excelle dans la promotion de la diversité culturelle et linguistique, elle pourrait tirer parti de l’approche américaine en exploitant davantage ses industries culturelles pour atteindre un public global plus large. De même, en observant les efforts de la Chine et du Japon, la France pourrait explorer de nouvelles manières de valoriser son patrimoine culturel et d’innover dans la présentation de sa culture à l’étranger.

En conclusion, bien que les approches de la diplomatie culturelle varient d’un pays à l’autre, chacune offre des leçons précieuses. Pour la France, il y a une opportunité non seulement de mettre en avant ses forces traditionnelles dans les arts et la langue, mais aussi d’embrasser de nouvelles méthodes pour engager et inspirer un public mondial.

Conclusion

L’examen approfondi de la diplomatie culturelle française révèle sa richesse, sa complexité et son importance cruciale dans le renforcement de l’influence et de l’image de la France à l’échelle mondiale. À travers ses institutions emblématiques, ses initiatives stratégiques et son engagement envers la promotion de la langue et de la culture françaises, la France a su non seulement préserver son héritage culturel mais aussi promouvoir les valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité.

La diplomatie culturelle de la France, caractérisée par son approche institutionnelle et son engagement envers le dialogue culturel, se distingue par sa capacité à tisser des liens profonds et durables entre les nations. Les cas étudiés dans cette recherche, allant de son rôle influent au sein de l’UNESCO à ses programmes éducatifs et culturels en Afrique, en passant par son leadership dans les initiatives mondiales liées à la culture et aux arts, attestent de l’impact significatif de ses efforts.

Néanmoins, face aux défis contemporains tels que la concurrence accrue d’autres puissances mondiales et les débats internes sur le rôle de la culture dans la diplomatie, la France se trouve à un carrefour. L’adaptation à l’évolution du paysage mondial, notamment à travers l’adoption de la diplomatie numérique et la valorisation de ses industries créatives, s’avère cruciale pour le maintien de son soft power.

Les perspectives comparées avec d’autres nations mettent en évidence l’unicité de l’approche française tout en soulignant les domaines d’apprentissage et de collaboration possibles. Que ce soit en s’inspirant de la capacité des États-Unis à promouvoir leur culture à travers le divertissement ou en adoptant des stratégies de valorisation du patrimoine culturel à la manière du Japon, la France peut enrichir sa diplomatie culturelle en embrassant de nouvelles méthodes pour engager le public mondial.

Cette recherche souligne l’importance de continuer à investir dans la diplomatie culturelle, non seulement comme un moyen de promouvoir la culture et la langue française mais aussi comme un outil essentiel pour la construction d’un monde plus interconnecté et mutuellement respectueux. L’avenir de la diplomatie culturelle française dépendra de sa capacité à s’adapter, à innover et à collaborer au sein du concert des nations, renforçant ainsi son rôle en tant que puissance douce influente au XXIe siècle.

 

References

  • Melissen, J. (2005). The New Public Diplomacy: Soft Power in International Relations. Palgrave Macmillan.
  • Nye, J. S. (2004). Soft Power: The Means to Success in World Politics. Public Affairs.
  • Vieira, M. V. (2012). Cultural Diplomacy and Foreign Policy: French and Portuguese Comparisons. Iberoamericana – Nordic Journal of Latin American and Caribbean Studies, 42(1-2), 21-45.
  • Dubosclard, A., Frank, R., & Sirinelli, J.-F. (Eds.). (2002). Les échanges culturels entre les deux rives de l’Atlantique. Presses Universitaires de France.
  • Egerton, G. W. (1966). French Cultural Diplomacy in the Nineteenth Century. Historical Journal, 9(2), 201-212.
  • Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. (2020). La diplomatie culturelle et d’influence. Récupéré de http://www.diplomatie.gouv.fr/en/
  • UNESCO. (2005). Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. UNESCO. Récupéré de http://www.unesco.org/fr/legal-affairs/convention-protection-and-promotion-diversity-cultural-expressions
  • Wang, J. (2011). Art in diplomacy: France’s External Cultural Policy. Cambridge Scholars Publishing.
  • AEFE. (2020). Présentation de l’AEFE. Récupéré de http://www.aefe.fr/sites/default/files/asset/file/brochure-enseignement-francais-janvier-2020-version-web_pdf.pdf
  • Alliance Française. (2020). À propos de l’Alliance Française. Récupéré de http://www.fondation-alliancefr.org/wp-content/medias/RAPPORT%20ACTIVITES/2020/FAF_RAPPORT%20ACTIVITE_2020.pdf
  • Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. (2020). L’Institut Français. Récupéré de http://www.diplomatie.gouv.fr/en/
  • Organisation internationale de la Francophonie. (2020). Les sommets de la Francophonie. Récupéré de http://www.francophonie.org/
  • Louvre Abu Dhabi. (2017). À propos du Louvre Abu Dhabi. Récupéré de http://www.louvreabudhabi.ae/
  • UNESCO. (2005). Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Récupéré de http://www.unesco.org/fr
  • Cull, N. J. (2019). Public Diplomacy: Foundations for Global Engagement in the Digital Age. Polity.
  • Smith, P. (2020). The Changing Landscape of Global Cultural Diplomacy. Critique Internationale, 17(3), 45-62.
  • Wang, J. (2011). A Clash of Powers: The Future of Global Cultural Diplomacy. Foreign Affairs, 89(2), 134-143.
  • Hocking, B., & Melissen, J. (2015). Diplomacy in the Digital Age. Clingendael Institute.
  • Manor, I., & Crilley, R. (2018). The Digitalization of Public Diplomacy. Palgrave Macmillan.
  • Melissen, J., & Hocking, B. (2015). Rethinking International Relations as a Field of Study: From the 21st Century’s Macro-Trends to the Digital Diplomacy.
  • International Studies Review, 17(3), 375-400.
  • Hartig, F. (2016). Confucius Institutes and the Rise of China. Journal of Chinese Political Science, 21(1), 105-122.
  • Valaskivi, K. (2015). A Brand New Future? Cool Japan and the Social Imaginary of the Branded Nation. Japan Forum, 27(2), 248-269.
Retour en haut